Les 1001 contes d'Hetep

Il est, loin au Nord, un Royaume dont le souverain était un fin érudit. Sa soif de connaissance n’avait d’égale que la beauté de sa fille et, de ce fait, il n’existait pas en son domaine un livre dont il ne connût pas le contenu par cœur, et son isolement géographique faisait qu’il ne pouvait se procurer d’autres ouvrages. C’est alors qu’un hiver plus rude qu’à l’accoutumé arriva. De nombreux citoyens succombèrent aux gelures, dont la femme du suzerain. Celui-ci se plongea plus encore dans sa recherche du savoir, tâchant d’oublier sa peine. N’ayant plus rien à découvrir sur ses terres, il fit proclamer à travers tout le pays qu’il donnerait la main de sa fille à celui qui saurait lui conter plus de mille histoires qu’il ne connaissait pas. La moindre erreur serait sanctionnée, au mieux par l’exil, au pire par la mort, pour lui avoir fait perdre son précieux temps.

Les années passèrent, et nombreux furent ceux à tenter leur chance, mais aucun ne réussit à satisfaire l’appétit dévorant du Roi. Peu à peu, le flot de candidats se tarit, alors que beaucoup eurent perdu la vie ou leurs terres dans l’aventure. Et plus le temps s’écoulait, plus le souverain se faisait critique envers les candidats, si bien que bientôt, plus personne ne venait se présenter devant lui.

Affalé sur son trône, il attendait en vain celui qui le délivrerai enfin de sa peine. Mais un jour, un homme emmitouflé dans des habits de fourrure passa l’arche de la salle des doléances. Le seigneur se redressa et lui demanda d’un ton apathique ce qui l’amenait.
« J’ai entendu dire que tu cherchais un conteur, je souhaite te servir mon Roi.
-Sais-tu que je connais toutes épopées qui se transmettent en ces terres, répondit le souverain en fronçant les sourcils, et que la mort attend ceux qui sont incapables de m’apprendre de nouvelles fables.
-Je le sais, mon Roi, mais je me plais à croire que je peux t’apporter des récits inédits.
-Soit, alors je t’écoute.
-Je reviens à l’instant d’un long voyage sur les terres du Sud. Ce que j’en rapporte, mon Roi, est encore inconnu en tes terres. »



« Qu’as-tu vu, voyageur, dans ce pays lointain ? » demanda le Roi, soudain prit d’intérêt pour le conteur.
« Sais-tu, mon Roi, que les natifs du Sud sont nés du Soleil… »